Au départ il y avait mon envie de refaire du stop, chose que j’avais arrêté depuis l’adolescence, de me sortir des contraintes de réservation, des contraintes de temps, d’économiser et de sauter dans le vide.
Alors je suis partie sur les routes de France et de Suisse et j'ai rencontré beaucoup de chauffeurs et de chauffeuses.
Je me suis rendu compte au fil des voyages qu'il se créé comme un espace-temps particulier avec les gens dans les voitures. Ils osent peut-être plus se livrer dans ce rapport presque anonyme, et je rencontre des personnes que je ne croiserais jamais sans le stop. Comme si dans cet huis-clos qu'est l'habitacle, j'avais accès à une intimité presque directe, une profondeur dans les conversations, quelque chose qui va à l'essentiel.
Les gens se racontent, me parlent d'eux, du monde, des autres, dans une authenticité percutante. Dans une voiture avec un.e inconnu.e, on ose davantage dire ce qu'on pense vraiment. Ces conversations faussement anodines donnent à voir et à entendre un panorama de rencontres furtives – sincères, maladroites ou frictionnelles – comme un plein phare sur la société d’aujourd’hui.